Les militants associatifs de terrain restent prudents et dubitatifs devant cet engouement des partis politiques. Car beaucoup jugent la sincérité des partis sur les politiques conduites localement et régionalement, par exemple sur celles relatives aux transports.
Or force est de constater que les discours sur le développement durable et la lutte contre le dérèglement climatique sont vites oubliés lorsqu’il s’agit de soutenir la construction d’une 2x2 voies ou d’une autoroute, de réduire la place de la voiture dans les villes, de démanteler une ligne ferroviaire...
A titre d'exemple, en Basse-Normandie, le consensus existe entre l’UMP, l’UDF et le PS pour construire une 2x2 voies entre Caen et Flers, pour un montant exorbitant de 300 millions d’euros. Alors qu’une ligne ferroviaire inutilisée pourrait être revitalisée entre ces deux villes pour 6 fois moins cher ! Il en est de même pour l’autoroute A 88 entre Caen et Sées, pour la mise à 2x2 voies de la RN 174, qui faciliteront le transit des camions des ports normands vers l’Europe. Bayeux, municipalité dirigée par l’UDF, refuse de diminuer la pression automobile au profit des modes doux. Elle fait la sourde oreille aux propositions associatives pour développer le vélo urbain grâce à un réseau cyclable, des parcs de stationnement vélo sécurisés... et préfère augmenter la capacité de stationnement des voitures.
Des exemples de ce type sont malheureusement légions dans l’ensemble des régions françaises.
Certains élus vont même jusqu’à mépriser les citoyens demandant une autre politique des transports, comme en témoigne la motion votée à l’unanimité le 14 mars 2005 par le Conseil Général de l’Orne, dirigé par l’UMP Gérard BUREL, qui dénonce, au sujet du débat public sur le projet de 2x2 voies Caen-Flers, que " La CNDP fait la part trop belle aux élucubrations des nostalgiques de la lampe à huile et de la marine à voile, aux doux rêveurs inconditionnels de l’immobilisme, à certains khmers verts de l’écologie qui ne supportent pas la vue des autoroutes tout en les utilisant sans état d’âme et qui, dans le même temps, soutiennent la mise en place de batteries d’éoliennes sur les crêtes de nos territoires ".
Il y a entre les discours parisiens démagogiques sur le développement durable et la prise en compte localement et régionalement de l’écologie par les élus de ces mêmes partis, un fossé énorme. La lutte contre le dérèglement climatique n’irrigue en rien les politiques transports des collectivités, à de rares exceptions comme Paris, alors que ce secteur est le plus préoccupant en terme d’émission de gaz à effet de serre.
Les problèmes écologiques ne se régleront pas uniquement à un niveau national et international. Il faut avoir à l’esprit la doctrine " agir localement, penser globalement ". Pour être en adéquation avec les déclarations des candidats aux présidentielles, les élus des différents bords politiques devront donc, que ce soit dans les conseils municipaux, généraux ou régionaux, s’attaquer à l’explosion du transport routier et prendre les mesures courageuses nécessaires. Citons en fonction des compétences l’abandon des projets autoroutiers et de 2x2 voies, une réorientation des investissements routiers vers le ferroviaire et les transports collectifs, la modernisation et la réouverture de lignes ferroviaires, une diminution de la place de la voiture en ville (développement des pistes cyclables et des zones piétonnes, maîtrise du stationnement, généralisation des plans de déplacements d’écoles...). Les parlementaires devront quant à eux défendre la mise en place d'une écoredevance sur le transport routier de marchandises, avec affectation des recettes de 2/3 des recettes aux modes ferroviaire et fluvial.
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