vendredi 23 février 2007

4 questions précises aux candidats


En 2006, FNE remettait ses prix Hérisson de cristal et de plomb, destinés à récompenser ou à dénoncer l'action d'un élu, d'un chef d'entreprise… Ces récompenses permettent de mettre en avant une action exemplaire que nous voudrions voir reproduite, ou au contraire une politique n'allant pas dans le sens des défis environnementaux et énergétiques que nous devons relever.

Ainsi, Monsieur Denis BAUPIN, Maire-Adjoint (Verts) de Paris s'était vu récompensé pour sa politique volontariste et courageuse de réduction de la place de la voiture en ville et de développement des modes alternatifs. Monsieur Yves BUR, Vice-Président (UMP) et Député du Bas-Rhin, s'était vu quant à lui distingué pour son rôle dans l'instauration d'une taxation des poids-lourds en Alsace. Au contraire, FNE avait fait le choix d'épingler le Directeur du Fret SNCF pour le volet suppression de dessertes du plan Véron, qui avait entraîné le report sur les routes de milliers de camions supplémentaires. Enfin, le Sénateur des Pyrénées-Orientales (UMP) Jean-Paul ALDUY s'était vu remettre un hérisson de plomb pour son amendement assouplissant la loi littoral. Ces nominations illustrent concrètement quelques dossiers sur lesquels les associations de protection de l'environnement seront particulièrement exigeantes.

En cette période d'échéances électorales, nous souhaitons donc rebondir sur ces prix en posant les questions suivantes aux différents candidats.

- Comment l'Etat compte-t-il aider les collectivités à s'attaquer à la réduction du trafic routier et au développement des transports collectifs ?
- L'Etat compte-t-il mettre en œuvre une écoredevance sur le transport routier de marchandises, avec affectation de 2/3 des recettes au financement des modes alternatifs à la route ?
- Comment le futur Président de la République compte-t-il développer la part modale du fret ferroviaire en France ?
- Comptez-vous modifier dans un sens plus protecteur les lois Littoral et Montagne ?

vendredi 16 février 2007

AGIR LOCALEMENT, PENSER GLOBALEMENT !



Beaucoup de candidats à l’élection présidentielle se découvrent un intérêt soudain pour l’écologie. En témoigne la signature massive du pacte écologique proposé par Nicolas Hulot.

Les militants associatifs de terrain restent prudents et dubitatifs devant cet engouement des partis politiques. Car beaucoup jugent la sincérité des partis sur les politiques conduites localement et régionalement, par exemple sur celles relatives aux transports.

Or force est de constater que les discours sur le développement durable et la lutte contre le dérèglement climatique sont vites oubliés lorsqu’il s’agit de soutenir la construction d’une 2x2 voies ou d’une autoroute, de réduire la place de la voiture dans les villes, de démanteler une ligne ferroviaire...


A titre d'exemple, en Basse-Normandie, le consensus existe entre l’UMP, l’UDF et le PS pour construire une 2x2 voies entre Caen et Flers, pour un montant exorbitant de 300 millions d’euros. Alors qu’une ligne ferroviaire inutilisée pourrait être revitalisée entre ces deux villes pour 6 fois moins cher ! Il en est de même pour l’autoroute A 88 entre Caen et Sées, pour la mise à 2x2 voies de la RN 174, qui faciliteront le transit des camions des ports normands vers l’Europe. Bayeux, municipalité dirigée par l’UDF, refuse de diminuer la pression automobile au profit des modes doux. Elle fait la sourde oreille aux propositions associatives pour développer le vélo urbain grâce à un réseau cyclable, des parcs de stationnement vélo sécurisés... et préfère augmenter la capacité de stationnement des voitures.


Des exemples de ce type sont malheureusement légions dans l’ensemble des régions françaises.

Certains élus vont même jusqu’à mépriser les citoyens demandant une autre politique des transports, comme en témoigne la motion votée à l’unanimité le 14 mars 2005 par le Conseil Général de l’Orne, dirigé par l’UMP Gérard BUREL, qui dénonce, au sujet du débat public sur le projet de 2x2 voies Caen-Flers, que " La CNDP fait la part trop belle aux élucubrations des nostalgiques de la lampe à huile et de la marine à voile, aux doux rêveurs inconditionnels de l’immobilisme, à certains khmers verts de l’écologie qui ne supportent pas la vue des autoroutes tout en les utilisant sans état d’âme et qui, dans le même temps, soutiennent la mise en place de batteries d’éoliennes sur les crêtes de nos territoires ".

Il y a entre les discours parisiens démagogiques sur le développement durable et la prise en compte localement et régionalement de l’écologie par les élus de ces mêmes partis, un fossé énorme. La lutte contre le dérèglement climatique n’irrigue en rien les politiques transports des collectivités, à de rares exceptions comme Paris, alors que ce secteur est le plus préoccupant en terme d’émission de gaz à effet de serre.

Les problèmes écologiques ne se régleront pas uniquement à un niveau national et international. Il faut avoir à l’esprit la doctrine " agir localement, penser globalement ". Pour être en adéquation avec les déclarations des candidats aux présidentielles, les élus des différents bords politiques devront donc, que ce soit dans les conseils municipaux, généraux ou régionaux, s’attaquer à l’explosion du transport routier et prendre les mesures courageuses nécessaires. Citons en fonction des compétences l’abandon des projets autoroutiers et de 2x2 voies, une réorientation des investissements routiers vers le ferroviaire et les transports collectifs, la modernisation et la réouverture de lignes ferroviaires, une diminution de la place de la voiture en ville (développement des pistes cyclables et des zones piétonnes, maîtrise du stationnement, généralisation des plans de déplacements d’écoles...). Les parlementaires devront quant à eux défendre la mise en place d'une écoredevance sur le transport routier de marchandises, avec affectation des recettes de 2/3 des recettes aux modes ferroviaire et fluvial.

lundi 12 février 2007

Ségolène Royal : du Pacte écologique au Pacte présidentiel


Ségolène Royal, candidate du parti socialiste à l’élection présidentielle a présenté hier son « pacte présidentiel » et quelques unes des 100 propositions mises en ligne sur son site internet. France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement, ONG apolitique, n’entend marquer aucune préférence partisane mais commenter les propositions environnementales des candidats.

France Nature Environnement prend acte de la volonté de Ségolène Royal d’encourager une « croissance durable », de combattre la destruction de la biodiversité en plus du réchauffement planétaire et d’imposer une refondation de la Politique agricole commune. Des mesures concrètes de protection de la biodiversité restent cependant à définir.

France Nature Environnement prend également acte de l’annonce d’une réduction de notre dépendance énergétique au nucléaire au profit d’un « Plan de développement massif des énergies renouvelables ». FNE note avec intérêt l’idée de subordonner la délivrance des permis de construire à la réalisation d’un bilan énergétique.

France Nature Environnement regrette cependant la référence aux agrocarburants qui n’ont rien de « bio » et l’absence d’encouragement plus clair de l’agriculture bio. La fédération souhaiterait en outre que soit précisé l’avenir du Ministère de l’environnement au sein d’une nouvelle organisation gouvernementale.

France Nature Environnement est en outre convaincue que ce « Pacte présidentiel » doit reprendre l’idée, exprimée publiquement par la candidate, d’une intégration de l’urgence écologique au coeur des politiques publiques, grâce, notamment, à la reconnaissance du rôle des associations de défense de l’environnement, qui ne sont pas mentionnées dans ce Pacte présidentiel.

vendredi 9 février 2007

Nucléaire : Christian Bataille, député PS, part en guerre contre Ségolène Royal…FNE lui répond !



Dans sa réponse au pacte écologique de la Fondation Nicolas Hulot, Ségolène Royal s’engage à «augmenter la part des énergies renouvelables (avec un objectif de 20% de la production primaire d’énergie en 2020), à réduire la dépendance aux énergies d’origine fossile et à ramener la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50% d’ici 2017». En outre, Ségolène Royal a récemment déclaré à l’association Stop Fessenheim qu’elle souhaitait la fermeture de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim, mise en service en 1971.

Inquiet de tant d’audace, le lobby nucléaire a donc fait monter au créneau l’un de ses fantassins : Monsieur le député PS Christian Bataille. Ce dernier n’a pas hésité à publier un texte dans lequel il critique ouvertement la position de la candidate du Parti Socialiste.

Pierre Delacroix, Président d’honneur de France Nature Environnement a donc pris sa plume pour lui répondre au nom de la fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement.



Le texte de Christian Bataille :

http://www.fne.asso.fr/GP/actualite/Cp/CB_energie&politique_0107.pdf


La réponse de Pierre Delacroix au texte de Christian Bataille pour FNE :

http://www.fne.asso.fr/GP/actualite/Cp/lettre-ouverte_reponseFNEbataille_080207.pdf

La lettre de Ségolène Royal à la Présidente de l’association Stop Fessenheim :

http://www.desirsdavenir.com/index.php?c=interventions&id=662

jeudi 8 février 2007

Un Grand Ministère de l’écologie ou un Grand Ministère du béton ?







Par un communiqué de presse daté du 5 février 2007, M Perben, Ministre des Transports, a proposé de «réunir, sous une seule autorité les actuels ministères de l’Ecologie, des Transports, de l’Equipement, les services en charge du Logement, la délégation Interministérielle à l’Aménagement et la Compétitivité des Territoires (DIACT) et les services en charge de l’Energie du ministère de l’Industrie». Cette idée est actuellement défendue par plusieurs responsables politiques de droite comme de gauche.

Bonne nouvelle pour les lobbys de la route et du laisser-faire dans le bâtiment et l’urbanisme : ils portent, depuis longtemps, l’idée d’un grand ministère du béton, véritable fourre-tout ayant pour principal intérêt d’étouffer l’administration de l’écologie.

Le ministère de l’équipement, meilleur allié du lobby routier, s’est ainsi distingué en freinant la suppression du plomb dans l’essence, scandale du même ordre de grandeur que l’amiante. Il continue de s’opposer de son mieux à la réduction des émissions polluantes, aux limitations de vitesse sur les routes et les autoroutes, à la diminution des émissions de co2 par les moteurs diesel et essence. Il fait constamment diversion en invoquant des progrès technologiques futurs pour épargner aux constructeurs automobiles des mesures contraignantes. Comble d’ironie, il continue de pousser un programme autoroutier de plus de 2500 km alors que le gouvernement a décidé de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre.

L’équipement porte, en outre, une très lourde responsabilité dans l’explosion de l’étalement urbain. En matière d’habitat, il a favorisé la prolifération du tout électrique avec des constructions mal isolées. Il a porté le coup de grâce au plan climat en torpillant la proposition des ONG et de l’industrie de renforcer une réglementation thermique indigente. Il mène enfin une guérilla incessante pour revenir sur les dispositions du code de l’urbanisme favorable à l’environnement et combat avec acharnement les lois montagne et littoral.

Face au projet de « grand ministère du béton », France Nature Environnement rappelle l’essentiel : sa proposition de faire du Ministère en charge de l’Environnement un ministère puissant en l’élevant au rang de ministère d’Etat et en portant, dès 2008, ses crédits à périmètre constant, au seuil minimal de 1% du budget de l’Etat.